Le lucane qui sert le volant

 


Que j'aime l'orée de la forêt. 

 Le noir est déjà bien installé. 

 Un bruit s'approche comme s'il voulait me foncer dessus. 

 Et dans la pénombre, je le vois. 

 C'est le lucane. 

 Il sert le volant. 

 Bien fort. 

Un peu plus loin, c'est la rivière que j'entends. Mais la nuit est vraiment là, je ne la vois pas. Aussi, j'ai l'impression que sa puissance est énorme. Qu’elle pourrait bien m'emporter même si je l'ai vu den plein jour et qu’au fond, il n'y a peut-être que 20 cm d'eau.  Et pourtant, elle balaye tout. Et à ce moment-là, je suis partagée. 

Partagée entre le fait qu’elle pourrait enlever tout ce qui me pèse, nettoyer tout ce que je voudrais bien lui donner. Balayer le négatif, purifier. 

Et partagée entre le souhait de lui envoyer mes vœux les plus chers, comme un forme de rituel. Et je crois qu'à ce moment-là, c'est ça qui l'emportait. J'ai prié pour l'eau, j'ai prié pour la rivière. J'ai prié pour les gouttes d'eau qui une fois dans le ciel finissent à un moment ou un autre dans mes veines en irrigant mon corps. 

Et puis il y a eu ce sentiment qu'à tout moment et de n'importe où pouvait surgir quelque chose, un animal. Et je sais d'emblée que le moindre petit bruit partirait en exagération dans ma tête. Le moindre petit bruit engendre le fantasme et la peur du sauvage. 

4 juillet 2023, Crépol

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