Pénétrer dans un sanctuaire et marcher à pas de loup

Pénétrer dans un sanctuaire et marcher à pas de loup - Décembre 2024 à Tréminis

En fin de journée, j'ai marché sans autre but que prendre l'air, une pause bien méritée.
Le village était plongé dans une purée de pois, donnant une ambiance inerte avec la neige tombée trois jours plus tôt.
Tant pis pour le bain de soleil, j'y vais quand même !

Finalement, à n’y pas voir grand-chose,  je profite posément du craquement de la neige sous chacun de mes pas. Malgré que tout soit figé, je devine que le paysage défile. Incitée à monter vers une brume plus bleutée, j'imagine trouver à quelques encablures un ciel dégagé.
Et j'ai raison ! Un peu plus haut, j’aperçois le Grand Ferrand sur fond bleu magnifique. Quelle chance d'avoir suivi mes pas.

Très vite, je quitte le sentier des humains pour me retrouver devant une neige immaculée, ou presque. Ici et là, des traces d'animaux,  des monticules de poudreuse et des branches prêtes à casser tellement elles ont de neige,  surtout les hêtres. Les bras m’en tombent tellement c'est beau.
Et puis devant moi ce choix. Ce qui se dresse là est comme un sanctuaire, celui des « autres qu’humains ». Le royaume des animaux. Ballotté je suis entre l'envie de pénétrer dans ce royaume ou bien rester à sa porte. J'y vais ou j'y vais pas ?

Après une courte négociation intérieure, cette question me rappelle à ma conscience. « Laetitia, tu es un animal comme les autres, vas-y ! tu n'auras qu'à marcher le pas léger ».
Au premier pas posé après le seuil d’entrée invisible du royaume des animaux, je comprends ma chance, la vis comme un privilège, un insaisissable privilège. Je suis une enfant au pays des merveilles. Chaque pas est un cadeau. Chaque regard est un cadeau. Le froid au bout des doigts est un cadeau… Tout autant que mon esprit qui languit mon retour tout bientôt et la future tisane que je boirai au pied du poêle.

Mes yeux curieux balayent absolument tout, jusqu’à être stoppés nets. Mes pas que je suis bifurquent tout à coup…oui, ce sont bien des traces de loups. Elles ont peut être un jour, il a gelé dessus.
Descendus du bois, ils étaient deux, tantôt à la queuleuleu, tantôt côte-à-côte, descendus du bois puis passés à gué, j’ai vite perdu leur trace. À certains endroits la neige a fondu. Tout à coup, c’est « Laetitia au pays des loups ».

Inspirée que je fus à daigner relever la tête, malgré le mode « pistage » qui était enclenché, c’est là que je l’ai vue ? Pas le loup, non…la Lune. Posez là, bien nette et pas tout à fait pleine, sur la toute dernière arête du haut de la montagne. Comme une otarie jonglant avec une balle. Le spectacle continue.

Les nuages me font dire il va falloir songer à repartir. Revenir sur mes pas. Mais avant ça, je capture dernière fois la beauté en photo. Non vraiment, c'est trop beau !
Je repasse à gué, me rends compte qu'en si longtemps, je ne suis vraiment pas allé très loin. Je prends à gauche au lieu de prendre à droite, pour changer de chemin. J’aperçois la porte magique, un sapin plié de tout son long et du poids de la neige, au dessus du chemin. Pas de doute, c'est la sortie du sanctuaire des autres qu’humains, du royaume des animaux.  A Trois,  je passe de l'autre côté. Je me lance dans un saut, plutôt de puce que de gazelle. A la Une, à la Deux, à la Troiiisss !
Arrivée de l'autre côté, une seule question… « ai-je rêvé ? »



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