Avis de tempête
Ca y est, me voilà en train d’écrire. Ca fait quoi, deux semaines
et demie ? Et depuis, je pense souvent à vous, mes ami.e.s des bois de
l’ouest, vous qui avez essuyé une tempête, puis une autre, puis les larmes.
Face au désastre et à l’ampleur. Face au vivant à terre. Face à la tâche.
Et moi, je suis bras ballants, déjà parce que je n’ai pas vu
et ne peux imaginer, et aussi parce qu’ici, tout continue et je dirais même,
tout prend de l’ampleur. Je suis coincée voyez-vous. Coincée entre la peine que
j’ai à vous savoir effondrés et la joie de voir poindre cette promesse de
renouveau. La joie de voir que la nature sait encore respirer. Coincée entre la
peine de savoir que ces bois seront privés pour un temps des petits pieds et la
joie de me dire que nous ne pourrons avoir le dernier mot.
Tout cela arrive à un moment important pour moi, où je
rencontre un lieu et des gens qui me donnent espoir, même si tout n’est pas
rose et que ça manque de licornes. Mais n’empêche, à l’autre bout de la France
les cocos, un projet se monte et est soutenu au niveau politique (bin quoi, la
mairie c’est politique !), et même si je n’ai aucune visibilité de comment
ça va se passer ni comment ce sera accueilli par la public - et que je me sens très observée en mode sous-marin (de qui de quoi,
je ne sais pas, mais je le sens au plus profond de moi…) par des gens qui
auraient un peu le même projet et me voient comme un cheveu sur la soupe, des
gens avec qui je préfèrerais sautiller dans les herbes folles en nous tenant la
main ; j’aimerais tellement que vous sentiez cet élan.
La joie, l’excitation, le doute, la trouille, l’impatience
des commencements. Et cette complétude, ce débordement de reconnaissance de
tellement de beauté avoisinante, la gratitude +++. Tout ce qui présentement me
fait sentir tellement vivante. Vous voyez, je suis coincée dans l’indécence.
J’ai l’impression d’avoir la banane pendant que vous vous retroussez les
manches et que c’est pas rigolo. Le pire, c’est que moi aussi j’ai les manches
bien retroussées. Ca ne se monte pas tout seul ce genre de projet. Hommage à
l’ancien comptable de la boîte où je bossais avant… « je suis comme
une petite abeille, je donne l’impression de rien faire et pourtant, j’arrête
pas ! ». Quelle indécence !
N’abandonnez-pas, ni les projets ni l’espoir. Ce que vous
donnez à voir est beau et représente déjà une belle leçon. Une telle leçon…la
résilience.
La résilience a son pouvoir transformateur, ses cadeaux
cachés. Bientôt, je vous l’assure, apparaitront vos nouveaux supers pouvoirs.
Forcément.
Parce que vous aurez su traverser le pire quand on fait nos
métiers et quand on vit son métier. Vous aurez su rester droits dans la
tempête. Je vous observe de loin, les réseaux, les photos. Les textes. Et peut
être que c’est trop dur à entendre pour l’instant parce que vous êtes encore en
plein dedans et qu’il y a de quoi avoir la rage au ventre et le cœur arraché, mais
je vous le dit (et je ne dois pas être la seule à le penser, pas vrai les
autres ?) – et me revoilà dans
l’indécence de littéralement remercier cette tempête pour ce qu’elle me donne à
voir de vous et les cadeaux qui s’en viennent bientôt à vous… ; je vous
admire, et vous m’inspirez.
Je le redis.
Je vous admire et vous m’inspirez.
Les écorchés vifs sont plein de poésie. Plein d’humanité.
Il n’y a pas vraiment de manière de finir cette lettre. Alors
comme dirait l’adage de cette grande famille qu’est la PPN, en plus de prendre
soin de la nature comme vous le faites en ce moment, tout ça pour prendre soin
des autres, les ami.e.s, prenez soin de vous. Je vous love !
Nov 2023,
après la tempête Cieran, pour mes ami.e.s bretons, et leurs forest school.
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