En attendant le castor

 


Je suis assise au bord de l'Ouveze. Le soleil descend. L'été bat son plein.

 Je me suis assise quelque part sur le lit de la rivière. 

 Elle manque d'eau mais ça coule encore. Et puis de manière assez enfantine,

parce que j'y crois, je me suis assise devant ce qui semble être un toboggan à castors. J'attends. 

Ça fait comme une petite coulée, sur le bord de la rivière qui a été rongée par les crues des dernières semaines et les orages qui allaient avec. Et puis cette coulée est là, mouillée, alors que tout autour est très sec. C'est la seule qui est humide, à croire qu’il y a du passage, que ça monte, que ça descend, que ça se laisse glisser comme sur le toboggan. C’est un peu plus mouillé à chaque fois.

Et j'ose y croire, je laisse la nuit arriver en me disant que c'est l'heure où les castors sortent. Que peut-être, si je reste le plus immobile et silencieuse possible, ils vont s'approcher. J'ai envie d'y croire, je suis presque en train d'imaginer des choses de l'ordre du symbolique : si le castor sort, ça voudra dire que ceci, ou bien que cela…comme un signe. 

J'ai envie de croire que cette surprise arrivera. J'ai envie de croire que je ferais la rencontre magique depuis tout ce temps où je ramasse des bâtons rongés par le castor, des petits et des grands. 

L'attente est longue, l'immobilisme surtout. J'ose croire assez candide, qu’il osera s'approcher sans avoir peur de moi. Comme si j'étais son amie, comme si j'étais là tout le temps. 

Tout à l'heure, toutes les grenouilles se sont mises à chanter. A croire qu'elles m’ont acceptée dans leur environnement. Je suis assise depuis 20 minutes. Ça a l'air de leur suffire à elle. 

Je croise les doigts, des pieds et des mains. Je croise tout. Sauf le castor.

J'appelle mon intériorité à s’apaiser. A revenir dans du normal. Pour ne plus attendre mais m’offrir à ce qui est là.

Ce soir, le castor ne viendra pas. 

4 juillet 2023, Violès

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