Nous y voilà !

 


Nous y voilà !

Nous y sommes. Au pied. Au bord. A la limite. Ou alors, nous sommes dedans.
J’aimerais écrire à chacune et chacun de vous. Evidemment, cela prendrait trop de temps. Je ne sais pas ce que je vais écrire, mais je sens que c’est important. Car cela demande à sortir. Ca me stoppe dans tout. Il faut que j’écrive. Je compare souvent ces moments d’écriture à la chouette qui régurgite ses pelotes. C’est comme ça ! Ca doit être dit ! Alors, j’aimerais écrire à chacune et chacun de vous.
A toi.
A toi qui enfant courais partout et ramassais des cailloux. T’en avais plein les poches.
A toi qui enfant grimpais aux arbres pour voir d’en haut à quoi ça ressemble. Qu’est ce que c’était beau, et qu’est ce que t’étais bien. Et en plus, t’étais monté.e un peu plus haut que la dernière fois !
A toi qui enfant riais à gorge déployée en courant après les pigeons. Tu étais tellement petit.e que ça échappe à ta mémoire !
A toi qui mourrais d’envie de sauter dans les flaques. Et l’apothéose, c’était quand t’avais le droit de le faire ! Enfin !
A toi qui enfant collectionnais les gaffes…pour toi c’était juste un moyen de tester ton corps, ta confiance, ton aisance, tes limites. Pour toi, c’était juste un jeu, et t’en avais follement envie.
A toi qui enfant restais dans ton coin parce que là-bas, tu étais bien.
A toi qui enfant nourrissais un rêve fou…celui de voler. Tu le rêvais tellement fort que tu avais les images. C’était facile, ton imagination n’avait pas de limite.
A toi qui enfant, sentais tout. Les antennes au dehors et les sens aux aguets. Tu ressentais tout. Quand il y avait de l’eau dans le gaz à la maison. Quand on te mentait. Tu doutais parfois à ce que les grands te racontaient. Pour eux, c’était une blague, et toi, tu les croyais. Tu captais tout. Les tensions quand il y en avait. La joie quand il y en avait. La colère quand il y en avait. L’amour, quand il y en avait.
A toi qui sentais des choses plus subtiles, petites ou grandes. C’était dans l’air. Tu ne savais pas ce que c’était, mais ça aussi tu le sentais, « petite éponge » que tu étais.
A toi qui enfant voyais des monstres dans ta chambre.
A toi qui enfant donnais l’impression de ne rien faire, à regarder tout le temps par la fenêtre. C’est juste parce que les autres n’avaient pas accès au monde intérieur que tu t’étais créé. Un monde merveilleux, foisonnant, avec des gentils et des fois, des méchants. Un monde où parler avec les oiseaux, les arbres, les limaçons et les étoiles est normal.
A toi qui enfant, avais une créativité exacerbée. Expert.e de bidouille et de débrouille. On se demandait où tu allais chercher tout ça ! Il est temps de le reconnaître, c’était du géni créatif !
A toi qui enfant prenais ton vélo pour à toute vitesse et l’air sur ta peau, rejoindre ta bande. Vite faire les devoirs, et tu filais ! En-fin, tu retrouvais ta bouffée d’oxygène ! Ceux qui te comprenaient. Ceux avec qui tu te marrais. Ceux qui te gardaient une place. Ceux à qui tu racontais tout. Et quoi que tu dises quoi que tu fasses, tu retrouvais ta place. Et à vrai dire, peu importe ce que vous faisiez, du monde que c’était ensemble !
A toi qui enfant te sentais perdu.e sans ta meute, sans ta tribu.
A toi qui enfant avais tendance à faire passer les autres avant, pour être aimé.e coûte que coûte. Car ton essence à toi, c’était les autres.
A toi qui enfant sentais le vide intersidéral quand sonnait l’heure des vacances ou de passer une classe, face à l’incertitude de retrouver ensuite tes copains ; déjà se pointait la nostalgie du groupe que vous formiez.
A toi qui enfant adorais l’école. Parce qu’apprendre c’était ton truc. Retenir, c’était ton truc. Comprendre c’était ton truc. Les chiffres, les lettres, les dates, les méthodes, les concepts ou les systèmes, c’était ton truc.
A toi qui enfant posais des questions. Sur tout. Tout le temps. Parce qu’il faut le dire, « là-haut, ça turbine ! ». Et ce besoin irrépressible de tout comprendre…
A toi qui enfant dessinais des feuilles d’arbre. Normal en fait…Oui mais sur tes dessins à toi, il y avait les légendes ! Tu as peut-être même pu entendre que ça faisait un peu peur à tes parents…pour eux, tu étais « un peu en avance ».
A toi qui enfant amusais la galerie.
A toi qui enfant arrondissais les angles, pour l’harmonie générale. Des mots que tu ne connaissais pas, même s’il s’agissait bien de ça. Pour garder les liens.
A toi qui enfant n’as rien senti de tout ça. Parce que la vie était plus dure. Moins lisse, moins joyeuse. A toi qui enfant savais que ça clochait sans avoir rien connu d’autre.
A toi qui enfant as déjà connu des coups durs.
Des rêves envolés. Des rêves écrasés, rien qu’avec une toute petite phrase... « tu n’y arriveras jamais ».
Des jeux stoppés nets.
Des élans de rire réprimés…parce que ça fait trop de bruit dans le resto et en plus « tout le monde nous regarde ».
Des élans de rire avec personne pour les entendre.
Dans toutes les graduations des coups durs. De la remarque insidieuse du prof principal… « peut mieux faire » (alors que t’avais tout donné…) à la perte d’une part entière de toi. Car c’est vrai, on ne t’as pas souvent invité.e à cultiver tes vraies parts de géni ! A cultiver tes talents. A cultiver tes jeux. A cultiver tes rêves. Parce qu’il faut réussir dans la vie.
Dommage. Du coup, t’as mis tout ça sous le tapis.
A toi qui enfant étais fâché.e avec les maths ou le français parce qu’on voulait « t’en faire bouffer ». Pour avoir des bonnes notes.
Fâché.e avec tes parents parce que vraiment, ils n’y comprennent rien à rien !
Fâché.e contre l’école parce que toi ce que tu voulais, c’était jouer dehors. C’est tout. Et c’était dur pour toi. Ecrire aussi c’était dur…le sens des lettres et tout ça, tu ne voyais pas où étais le problème.
Fâché.e avec tout ce qui se contredit en toi.
Ce qu’on te dit et ce que tu sens.
Ce que tu sais de tes besoins et ce que l’on veut pour toi.
Ta vérité et celle des autres, à propos de toi.
Ca te foutait la rage et il y avait de quoi.
Car ta voix ne portait pas aussi haut que tu aurais voulu. Pas aussi haut que celle des adultes.
J’aimerais t’écrire à toi qui enfant rêvais de devenir grand !
Nous y voilà !
C’est le moment, enfin !!
D’aller remettre ton nez sous le fameux tapis.
Alors oui depuis tout ce temps, il s’est passé des choses. Tu as grandi. Ton corps à changé. Ta voix est plus forte peut être. T’as testé des trucs.
Oui je m’adresse à toi !
A toi qui a suivi la route toute tracée ; ou pas.
A toi qui as connu ton premier amour, puis ton 2nd, ton 3ème, etc…le grand même ; ou pas.
A toi qui est allé.e haut dans les études ; ou pas.
A toi qui gagnes bien ta vie ; ou pas.
A toi qui es dans la vie car on te l’a donnée. Pas besoin de « la gagner ». Alors quand tu entends « gagner sa vie », ça te questionne ; ou pas.
A toi qui des fois continue de regarder par la fenêtre, en soupirant à chaque fois ; ou pas.
A toi qui as eu des enfants et qui fais de ton mieux, tout en regardant dans le rétro de ton enfance ;
ou pas.
A toi dont la vie déborde, mais de choses qui ont de moins en moins de sens pour toi ; ou pas.
A toi qui débordes de vie après les coups durs car ça y est, tu t’en es enfin sorti.e ; ou pas.
A toi qui sens bien que quelque chose ne va pas ; ou pas.
A toi qui pèse le pour et le contre dès qu’il faut faire un choix ; ou pas.
A toi qui ne rêves qu’à une chose, que les vacances arrivent car ce sera enfin le moment de se détendre et de profiter ; ou pas.
A toi qui te confrontes à tes parts d’ombre. Tu les regardes, tu contournes souvent ; ou pas.
A toi qui des fois les traverses, et de plus en plus car la 1ère fois que tu l’as fais, tu as compris l’alchimie... comment on transforme le plomb en or ; ou pas.
A toi qui t’accroches encore à tes rêves, les nourris ; ou pas.
A toi qui sais que ta place est ailleurs et qui es bloqué.e là ; ou pas.
A toi qui sais que ta place est ailleurs et te prépares au grand saut ; ou pas.
A toi qui fais de ton mieux, agis de ton mieux.
A toi qui t’équilibres de ton mieux.
A toi qui vis comme tu veux.
A toi qui vis comme tu peux.
A toi dans ton ‘tout’, car oui, tout est juste et le chemin sans autre indication que ton cœur à suivre (et au fond, tu le sais).
A toi qui abrites encore l’enfant que tu étais.
A toi qui ne crois pas à ces histoires-là.
A toi qui sens que tu vas traverser une nouvelle part d’ombre en te réjouissant presque, car tu sais qu’après, ce sera encore mieux, avec des nouveaux superpouvoirs ! Trop bien !
A toi qui sens que plus ça vient, que plus tu marches sur le chemin et bien…plus tu reviens à ton essence.
A toi qui t’aperçois que tu marches dans une espèce de boucle de plein de kilomètres avec des détours et que c’est pour avoir la chance de repasser devant l’enfant que tu étais, ton enfant libre ; avoir la chance de lui prendre la main…
Pour aller sauter dans les flaques ensemble.
Vous raconter des histoires de lutins, de fées, de bateau pirate.
Apprendre ensemble de nouveaux noms d’oiseaux et observer les têtards.
Faire le tour de vos copains, ceux de maintenant et ceux d’avant. Vous nourrir de ça. Retrouver votre meute, 10 ans, 20 ans, 30 ans après.
Le petit et le grand Toi réunis !
Quelles sensations !
Et allez-y franco ! Il n’y a pas de modestie à avoir quand il s’agit de superpouvoirs !
Imagine !
Tes superpouvoirs d’enfant plus les nouveaux superpouvoirs ? Ce que cela pourrait donner ?
Tu sais quoi ? J’ai fais un rêve il n’y a pas si longtemps. Et en fait, je l’ai vécu comme une vision en me réveillant. Je voyais la surface du monde d’assez haut et tout à coup, tous les habitants de la terre se sont mis à prendre des directions. Ca allait à des milliers de km/h. Et ce que je voyais à cette vitesse, c’était des traits de toutes les couleurs. Et en fait, en un instant, les gens allaient là où ils devaient être. Comme une sorte de grande réorganisation générale et instantanée.
En un claquement de doigts.
Et puis, le réveil.
Et tu sais quoi ? Nous y voilà !
Toi, c’est nous tous.
Il est temps de nous raconter une nouvelle histoire, avec une fin plus jolie que celle qu’on veut pour nous. « On », c’est ceux qui nous dirigent et qu’on ne connait même pas. Et puis il y a les autres…notre famille, nos profs, la société, les traditions, etc. Mais ils ne pouvaient pas vraiment savoir la nature de la petite flamme qui brulait au fond de ton Etre.
Les évènements de la vie ont pu blesser l’enfant en toi, un peu beaucoup à la folie.
Celui ou celle qu’il faut retrouver, c’est l’enfant d’origine. Le « tout nouveau tout beau », l’essence-même de l’enfant que tu étais avant tout ça.
Défend cet enfant. Défend ses rêves.
Renoue avec tes instincts.
Vas-là où tu te sens bien. Lâche les histoires auxquelles tu ne crois pas.
Accepte les pertes d’équilibre, car oui, dans les plateaux d’une balance, même un petit caillou peut faire bouger les choses.
Goûte à la limite, côté extérieur, et puis constate.
Ose les grands comme les petits sauts et profite du temps de vol ! Car oui, oser c’est perdre pied momentanément. Le fameux lâcher-prise. Où on arrête de tenir, de s’agripper.
Je vais peut-être paraitre arrogante, mais je crois que tu sais déjà. Bien sûr, il peut y avoir plein de choses qui te bouchent la vue.
Mais au fond, tu sais.
L’enfant en toi sait.
Invite-le. Pas en méditation ou visualisation.
Invite-le en vrai.
Va dans les bois, et joue !
Demande de l’aide si tu en as besoin car parfois le jeu est loin caché en soi. D’autres peuvent t’accompagner dans ton jeu. Jouer avec toi.
Mais va dehors, et joue ! Joue !
Longtemps et sans retenu. Vas-y franco !
Et là tu sentiras.
A toi les fous rires.
Et peut-être, les pleurs du constat.
Mais à toi la joie retrouvée et les larmes d’expansion. Ou comment respirer la vie à pleins poumons ?!
Ta mémoire reviendra. Tes jeux préférés reviendront.
Mais il faut y aller souvent, pas juste une fois.
Reconnecte à tout ça !
Car le jeu, c’est l’exploration de soi.
Alors lance-toi ! Joue !
LaeG, le 1e février 2023 - Violès

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